La société "Chanvreco" (http://www.chanvreco.be/) cultive le chanvre pour la construction. Et ça marche !
Ils n'en sont qu'à leur première récolte et déjà le succès est au rendez-vous. Ils, ce sont Laurent Cimonetti et Sébastien Ernotte, coadministrateur de la société Chanvreco.
C'était en juillet dernier, avec l'aide de la Province de Liège, les deux jeunes liégeois se lançaient dans l'exploitation de chanvre industriel. Question : à quelles fins ? La plante est de la même famille que le cannabis (drogue douce), elle lui ressemble, a la même odeur, mais n'a aucune vertu hallucinogène et n'est pas interdite à la consommation.
Et pour cause, c'est dans la construction que le chanvre s'avère utile; dix hectares avaient été mis à la disposition de Chanvreco en mai dernier, à Saint-Georges, terre fertile et terre pilote en Belgique. L'expérience a fait un tabac...
Appel à projets
Trente tonnes de fibre après traitement, tel est le résultat de la toute première récolte effectuée en octobre dernier.
"C'est exceptionnel, remarque Laurent Cimonetti, on avait tablé sur une production de 6 à 7 tonnes de matières brutes par ha, comme en France, et on est arrivé à 10 tonnes/ha". Comme convenu donc, la société envisage de s'agrandir, mais pas cette année. "Nous ne planterons pas en 2008", poursuit l'administrateur, "nous allons nous concentrer sur la vente (de 8 à 20 euros le sac de 200 litres), mais aussi sur l'achat d'une ligne de défibrage".
Certains du succès néanmoins puisque des contacts ont déjà été pris avec des particuliers pour utiliser le chanvre dans des maisons témoins - placé dans la toiture et les murs, une réduction du coût du chauffage de 20 à 30 pc est envisagée -, les administrateurs envisagent 30 ha d'exploitation d'ici l'an prochain. "Nous cherchons d'ailleurs des terrains. Il faut savoir que l'exploitation du chanvre permet au sol, pour les années futures, une rentabilité de 10 à 15 pc supérieure". D'ici 2 ans par ailleurs, 100 ha sont brigués sur la zone.
Le chanvre, un outil de diversification
"La culture du chanvre fait son retour en Wallonie. Elle offre à la fois une diversification rentable aux agriculteurs et des produits dérivés fort intéressants.
Le chanvre va-t-il faire sa réapparition dans nos campagnes, après y avoir été interdit du fait de l’amalgame avec la marijuana ? Il l’a en réalité déjà faite, puisqu’ils sont aujourd’hui trente-deux agriculteurs des régions d’Assesse, Bastogne, Libramont, Liège et Tinlot à cultiver quelque 130hectares. "Avant 2006, un agriculteur de Libramont cultivait cinq à six hectares pour valoriser la paille en paillage équin. Il en cultive toujours aujourd’hui" explique Jean-Noël Degeye, du Centre d’économie rurale (CER) de Marloie. En 2006, la société ChanvrEco a lancé la culture à titre expérimental, les produits étant transformés, à titre d’essai, dans une unité de petite capacité. Depuis, la superficie augmente. Précisons qu’il n’y en a pas en Flandre, hormis une petite superficie, à titre de test.
Pourquoi ce retour, qui devrait s’intensifier ? Pour deux raisons. D’abord, le chanvre permet la production de trois produits valorisables dans de nombreux secteurs. "Ensuite, il y a toute l’évolution de l’agriculture, avec les points d’interrogation que l’on sait", poursuit J-N Degeye. "Alors même que les investissements engagés sont tels qu’ils nécessitent une planification des projets sur le long terme, cette planification est difficilement envisageable dans les circonstances actuelles."
Comme pour pérenniser leurs revenus, les agriculteurs souhaitent de plus en plus conquérir les aspects "transformation" et "commercialisation". "A ce titre, la filière naissante du chanvre industriel en région wallonne constitue une bonne opportunité pour les agriculteurs de se positionner." Ce qui explique le colloque tenu sur ce sujet lors de la récente foire agricole de Libramont.
D’autant que cette culture présente plusieurs avantages par rapport aux autres: elle accepte des conditions de sol et de climat assez difficiles, elle nécessite peu d’engrais, n’exige aucun produit phytosanitaire et se caractérise par une croissance homogène et rapide en étouffant les mauvaises herbes.
Côté prix, Jean-Noël Degeye indique que "les premiers contrats passés entre ChanvrEco et les agriculteurs permettent à ces derniers de bénéficier d’une marge de 850euros/ha, ce qui est assez appréciable quand on voit les marges dégagées par d’autres cultures plus ‘traditionnelles’, même s’il faut relativiser, vu la volatilité du marché des matières premières agricoles".
Pour ce qui est des produits du chanvre, les utilisations industrielles sont multiples. Ainsi la graine, entière, peut-elle être utilisée dans l’oisellerie et la pêche, et en huile, dans l’alimentation humaine, la cosmétique et l’énergie (cogénération). Hormis la cosmétique, c’est opérationnel ou en développement en Wallonie. La paille est utilisée sous forme de granulats calibrés pour la production de blocs de béton et d’enduit chaux-chanvre ou encore pour la plasturgie, et sous forme de copeaux pour le paillage horticole et la litière animale. Si la plasturgie est en expérimentation, les autres usages sont bien opérationnels.
(http://www.chanvrewallon.be/production/Valorisations_de_la_production.html)
Enfin, les fibres de chanvre peuvent servir en papeterie, textile et plasturgie, mais aucun de ces débouchés n’est pour l’instant en fonctionnement en région wallonne. "Le prix des matériaux bio-sourcés (dont ceux à base de chanvre) est en général plus élevé que celui de leurs concurrents de synthèse", relève J-N Degeye."Mais la comparaison ne doit pas s’arrêter au prix. En effet, outre l’impact environnemental, ces produits profitent de caractéristiques que les concurrents ne peuvent offrir. A titre d’exemple, pour une même capacité d’isolation au froid, les matériaux de construction à base de chanvre donnent des performances nettement supérieures en termes d’isolation, ce qui améliore de façon conséquente le confort intérieur d’une habitation. Il y a d’ailleurs pour cela des primes de la Région."
Preuve de l’intérêt économique de cette culture, c’est toute une filière du chanvre industriel qui s’établit en Wallonie, avec notamment l’ASBL Chanvre wallon, le Groupement d’intérêt économique (GIE) Walchanvre, les universités de Louvain et de Liège, des entreprises privées (Lhoist, ChanvrEco, et quelques distributeurs et constructeurs-rénovateurs dans le secteur du bâtiment), et d’autres structures telles que le CER ou le Groupe d’action locale (GAL)."
Chanvre Wallon : http://www.chanvrewallon.be
Ils n'en sont qu'à leur première récolte et déjà le succès est au rendez-vous. Ils, ce sont Laurent Cimonetti et Sébastien Ernotte, coadministrateur de la société Chanvreco.
C'était en juillet dernier, avec l'aide de la Province de Liège, les deux jeunes liégeois se lançaient dans l'exploitation de chanvre industriel. Question : à quelles fins ? La plante est de la même famille que le cannabis (drogue douce), elle lui ressemble, a la même odeur, mais n'a aucune vertu hallucinogène et n'est pas interdite à la consommation.
Et pour cause, c'est dans la construction que le chanvre s'avère utile; dix hectares avaient été mis à la disposition de Chanvreco en mai dernier, à Saint-Georges, terre fertile et terre pilote en Belgique. L'expérience a fait un tabac...
Appel à projets
Trente tonnes de fibre après traitement, tel est le résultat de la toute première récolte effectuée en octobre dernier.
"C'est exceptionnel, remarque Laurent Cimonetti, on avait tablé sur une production de 6 à 7 tonnes de matières brutes par ha, comme en France, et on est arrivé à 10 tonnes/ha". Comme convenu donc, la société envisage de s'agrandir, mais pas cette année. "Nous ne planterons pas en 2008", poursuit l'administrateur, "nous allons nous concentrer sur la vente (de 8 à 20 euros le sac de 200 litres), mais aussi sur l'achat d'une ligne de défibrage".
Certains du succès néanmoins puisque des contacts ont déjà été pris avec des particuliers pour utiliser le chanvre dans des maisons témoins - placé dans la toiture et les murs, une réduction du coût du chauffage de 20 à 30 pc est envisagée -, les administrateurs envisagent 30 ha d'exploitation d'ici l'an prochain. "Nous cherchons d'ailleurs des terrains. Il faut savoir que l'exploitation du chanvre permet au sol, pour les années futures, une rentabilité de 10 à 15 pc supérieure". D'ici 2 ans par ailleurs, 100 ha sont brigués sur la zone.
Le chanvre, un outil de diversification
"La culture du chanvre fait son retour en Wallonie. Elle offre à la fois une diversification rentable aux agriculteurs et des produits dérivés fort intéressants.
Le chanvre va-t-il faire sa réapparition dans nos campagnes, après y avoir été interdit du fait de l’amalgame avec la marijuana ? Il l’a en réalité déjà faite, puisqu’ils sont aujourd’hui trente-deux agriculteurs des régions d’Assesse, Bastogne, Libramont, Liège et Tinlot à cultiver quelque 130hectares. "Avant 2006, un agriculteur de Libramont cultivait cinq à six hectares pour valoriser la paille en paillage équin. Il en cultive toujours aujourd’hui" explique Jean-Noël Degeye, du Centre d’économie rurale (CER) de Marloie. En 2006, la société ChanvrEco a lancé la culture à titre expérimental, les produits étant transformés, à titre d’essai, dans une unité de petite capacité. Depuis, la superficie augmente. Précisons qu’il n’y en a pas en Flandre, hormis une petite superficie, à titre de test.
Pourquoi ce retour, qui devrait s’intensifier ? Pour deux raisons. D’abord, le chanvre permet la production de trois produits valorisables dans de nombreux secteurs. "Ensuite, il y a toute l’évolution de l’agriculture, avec les points d’interrogation que l’on sait", poursuit J-N Degeye. "Alors même que les investissements engagés sont tels qu’ils nécessitent une planification des projets sur le long terme, cette planification est difficilement envisageable dans les circonstances actuelles."
Comme pour pérenniser leurs revenus, les agriculteurs souhaitent de plus en plus conquérir les aspects "transformation" et "commercialisation". "A ce titre, la filière naissante du chanvre industriel en région wallonne constitue une bonne opportunité pour les agriculteurs de se positionner." Ce qui explique le colloque tenu sur ce sujet lors de la récente foire agricole de Libramont.
D’autant que cette culture présente plusieurs avantages par rapport aux autres: elle accepte des conditions de sol et de climat assez difficiles, elle nécessite peu d’engrais, n’exige aucun produit phytosanitaire et se caractérise par une croissance homogène et rapide en étouffant les mauvaises herbes.
Côté prix, Jean-Noël Degeye indique que "les premiers contrats passés entre ChanvrEco et les agriculteurs permettent à ces derniers de bénéficier d’une marge de 850euros/ha, ce qui est assez appréciable quand on voit les marges dégagées par d’autres cultures plus ‘traditionnelles’, même s’il faut relativiser, vu la volatilité du marché des matières premières agricoles".
Pour ce qui est des produits du chanvre, les utilisations industrielles sont multiples. Ainsi la graine, entière, peut-elle être utilisée dans l’oisellerie et la pêche, et en huile, dans l’alimentation humaine, la cosmétique et l’énergie (cogénération). Hormis la cosmétique, c’est opérationnel ou en développement en Wallonie. La paille est utilisée sous forme de granulats calibrés pour la production de blocs de béton et d’enduit chaux-chanvre ou encore pour la plasturgie, et sous forme de copeaux pour le paillage horticole et la litière animale. Si la plasturgie est en expérimentation, les autres usages sont bien opérationnels.
(http://www.chanvrewallon.be/production/Valorisations_de_la_production.html)
Enfin, les fibres de chanvre peuvent servir en papeterie, textile et plasturgie, mais aucun de ces débouchés n’est pour l’instant en fonctionnement en région wallonne. "Le prix des matériaux bio-sourcés (dont ceux à base de chanvre) est en général plus élevé que celui de leurs concurrents de synthèse", relève J-N Degeye."Mais la comparaison ne doit pas s’arrêter au prix. En effet, outre l’impact environnemental, ces produits profitent de caractéristiques que les concurrents ne peuvent offrir. A titre d’exemple, pour une même capacité d’isolation au froid, les matériaux de construction à base de chanvre donnent des performances nettement supérieures en termes d’isolation, ce qui améliore de façon conséquente le confort intérieur d’une habitation. Il y a d’ailleurs pour cela des primes de la Région."
Preuve de l’intérêt économique de cette culture, c’est toute une filière du chanvre industriel qui s’établit en Wallonie, avec notamment l’ASBL Chanvre wallon, le Groupement d’intérêt économique (GIE) Walchanvre, les universités de Louvain et de Liège, des entreprises privées (Lhoist, ChanvrEco, et quelques distributeurs et constructeurs-rénovateurs dans le secteur du bâtiment), et d’autres structures telles que le CER ou le Groupe d’action locale (GAL)."
Chanvre Wallon : http://www.chanvrewallon.be
ASSESSE :
UNE CULTURE DE CANNABIS... LÉGALE
Dans la ferme de Bernard Dutilleux à Assesse, il y a du bétail, des céréales... et du cannabis. Ce fermier possède une parcelle de deux hectares de chanvre. Une culture qui attire parfois les amateurs de cannabis du coin!
[Dans la région d’Assesse, dix hectares de champs sont consacrés à la culture de cannabis. Non, vous ne rêvez pas, on y plante bien du “ Cannabis sativa ”. “ Attention, ce n’est pas un chanvre qui permet pas de se droguer, explique Bernard Dutilleux agriculteur à Assesse. Pour ma part, c’est la première fois que j’en fais pousser. Et économiquement, je dois avouer que c’est une culture très intéressante. ”
Pourtant, ce cannabis n’ira pas alimenter les “ coffee-shops ” au Pays-Bas. En septembre, il sera simplement récolté et partira chez Chanvreco. Cette société vendra les graines sur le marché et utilisera les branches pour fabriquer un isolant vert pour la construction.
“ Je cherchais une source de diversification. Et je ne suis pas déçu! C’est toujours confortable de savoir avant la récolte que la totalité de celle-ci sera rachetée. ”
Autre avantage pour notre agriculteur, il n’a pas besoin de pesticides pour faire pousser ses deux hectares de chanvre: “ J’ai juste dû préparer le terrain comme pour une culture de betterave. J’ai semé les graines à la fin du mois d’avril. Depuis, je n’ai vraiment plus rien à faire. ”
Actuellement, ces pieds de chanvre ont atteint leur taille maximale. À la mi-septembre, Bernard Dutilleux pourra les récolter...
UNE CULTURE DE CANNABIS... LÉGALE
Dans la ferme de Bernard Dutilleux à Assesse, il y a du bétail, des céréales... et du cannabis. Ce fermier possède une parcelle de deux hectares de chanvre. Une culture qui attire parfois les amateurs de cannabis du coin!
[Dans la région d’Assesse, dix hectares de champs sont consacrés à la culture de cannabis. Non, vous ne rêvez pas, on y plante bien du “ Cannabis sativa ”. “ Attention, ce n’est pas un chanvre qui permet pas de se droguer, explique Bernard Dutilleux agriculteur à Assesse. Pour ma part, c’est la première fois que j’en fais pousser. Et économiquement, je dois avouer que c’est une culture très intéressante. ”
Pourtant, ce cannabis n’ira pas alimenter les “ coffee-shops ” au Pays-Bas. En septembre, il sera simplement récolté et partira chez Chanvreco. Cette société vendra les graines sur le marché et utilisera les branches pour fabriquer un isolant vert pour la construction.
“ Je cherchais une source de diversification. Et je ne suis pas déçu! C’est toujours confortable de savoir avant la récolte que la totalité de celle-ci sera rachetée. ”
Autre avantage pour notre agriculteur, il n’a pas besoin de pesticides pour faire pousser ses deux hectares de chanvre: “ J’ai juste dû préparer le terrain comme pour une culture de betterave. J’ai semé les graines à la fin du mois d’avril. Depuis, je n’ai vraiment plus rien à faire. ”
Actuellement, ces pieds de chanvre ont atteint leur taille maximale. À la mi-septembre, Bernard Dutilleux pourra les récolter...